À Deauville, Alice Belaïdi savoure le succès de "Un p'tit truc en plus" : "C'est un film qui fait du bien" | TF1 INFO (2024)

Alice Belaïdi est la présidente du jury de la révélation au 50ᵉ Festival du cinéma américain de Deauville.

Une responsabilité qui lui tient à cœur, elle qui a remporté le Molière de la révélation il y a déjà quatorze ans.

TF1info est allé à la rencontre de la comédienne, encore sous le choc du succès de "Un p'tit truc en plus".

La carrière d'Alice Belaïdi a basculé dans une autre dimension le 1ᵉʳ mai dernier avec la sortie d'Un p'tit truc en plus. Dans la comédie phénomène d'Artus qui atteindra bientôt les 11 millions de spectateurs, elle incarne Alice, la monitrice de colo pour jeunes handicapés dans laquelle se dissimule tant bien que mal Sylvain, le héros interprété par l'acteur-réalisateur. Alors qu'on la retrouvera mercredi prochain dans Le Fil, un polar réalisé et interprété par Daniel Auteuil, la comédienne de 36 ans a accepté de présider le jury de la révélation au 50ème Festival du cinéma américain de Deauville. L'occasion d'un entretien à bâtons rompus avec TF1info...

Est-ce que je dois vous appeler Madame la présidente ?

Vous pouvez même si je n’ai pas été démocratiquement élue ! (Sourire). Après c’est super cool d’être présidente même si ça ne change pas vraiment de n'être que membre du jury. Je crois qu’on fait tout ce job sérieusem*nt parce qu’on sait que ce prix va peut-être changer la vie d’un film, d’un réalisateur, d’un acteur ou d’une actrice.

Votre carrière a décollé lorsque vous avez remporté le Molière de la révélation en 2010 pour Confidences à Allah. Quel souvenir en gardez-vous ?

C’est marrant parce qu’en apprenant que j’étais présidente du jury révélation à Deauville, quelqu’un m’a renvoyé sur Instagram la vidéo où je reçois le Molière. J’avais l’impression d’être un petit bébé effrayé sur cette grande scène avec Michel Drucker… J’ai l’impression que c’était il y a trois jours et en même temps 100 ans. C’est marrant.

Comédienne (presque) par accident

Depuis vous êtes parvenue à vous imposer dans ce métier. Mais au départ ça ressemble à un saut dans le vide, non ?

C’est drôle que vous disiez ça parce c’est exactement l’image que j’ai de mon métier. Je suis au bord d’une falaise, d’un précipice, on se jette et on va voir ce qui se passe. Cette adrénaline, ce truc, le fait de ne pas trop savoir ce que je vais faire dans six mois, dans l’année, c’est ce qui me tient. Qui m’excite. Quand j’en parle avec mes sœurs qui ont des métiers où elles connaissent leurs horaires, elles me demandent "mais comment tu fais ?". Au contraire ! Moi c’est ce qui me rend heureuse dans la vie.

Elles font quoi vos sœurs comme métier ?

Il y en a une qui est cadre chez un opérateur de téléphonie et l’autre qui fait de la formation !

Vous êtes l’artiste de la famille ?

Oui même si mon père joue de la guitare, il sculpte, il écrit des pièces de théâtre. Donc la pomme n’est pas tombée complètement loin de l’arbre.

Le président du "grand jury" Benoît Magimel dit qu’on ne sait jamais si un film va rester. Et que l’important, c’est d’y mettre le cœur. Vous êtes d’accord ?

Ce qui est clair, c’est que je ne mets pas de pression. Je n’ai pas cette sensation, je ne demande jamais si tel ou tel film va rester. Parce que ça vous dépasse complètement. Il y a des films qui vont devenir cultes et on ne sait pas pourquoi et il y en a d’autres qui vont passer à la trappe alors qu'on y croyait à mort ! Moi je suis plutôt une stressée dans la vie quotidienne mais dans mon métier pas plus que ça. Je me sens déjà totalement chanceuse d’être là aujourd’hui face à vous. Parce que je n’ai jamais voulu faire ça, être actrice.

Vous ne rêviez vraiment pas de faire ce métier ?

Tout dépend si on croit au destin. Je suis Avignonnaise et durant le festival de théâtre, je distribuais des tracts comme tous les ados de mon âge. C’est comme ça que j'ai été repérée par Gérard Gélas, le directeur du Théâtre du Chêne Noir. Il m’a offert un rôle, puis un autre. J’ai remporté un Molière, j’ai pris un agent, j’ai fait des castings et je suis devenue actrice de ciné. Est-ce qu’on n’est pas là où on devrait être ? C’est un peu mystique tout ça. Je sais aussi à quel point tout ça est fragile. Regardez : Francis Ford Coppola a dû hypothéquer ses biens pour faire son dernier film ! (Rires). Moi j’espère juste vivre de ça juste le temps que ça m’éclate. Et j’espère aussi que si un jour ce n’est plus mon truc, je me donnerai la liberté de faire autre chose.

S’il y a bien un "truc" qui marche en ce moment pour vous, c’est le film d’Artus. Là c’est sûr, il va rester…

Et pourtant ce serait dément de dire qu’on pouvait imaginer une seconde ce qui allait se passer avec Un p’tit truc en plus. On savait qu’on avait vécu quelque chose d’extraordinaire sur le plateau, que ça ne ressemblait à rien de ce qu’on avait fait avant, tous. Qu’il y avait plus de drôlerie, plus d’amour, plus de sincérité… Ça c’était sûr ! Après est-ce que le public allait adhérer ? On ne savait pas. Le premier matin, il y a une tradition qui veut qu’on aille au cinéma des Halles à Paris prendre la température. Artus était un peu fébrile, c’était la sortie de son premier film. Et dès 9h-10h, on a senti qu’il se passait un truc pas normal. Mais là on est encore en train de se pincer. On est à 18 semaines en salles et on continue de se demander quand la caméra cachée va s’arrêter.

Je pense que ce film est dément et qu’il fait du bien. Qu’on en sort un peu plus heureux que lorsqu’on est entré

Alice Belaïdi

Il se vend encore près de 150.00 tickets par semaine, un score que certains films peinent parfois à atteindre en fin de carrière…

(Rires) C’est dingue parce qu’il y a encore des jours à 40.000 entrées là où la plupart des films qu’on a tourné avant ne faisaient pas 40.000 entrées le premier jour ! J’ai du mal à en parler, je pense que j’y parviendrai mieux dans un an. Mais c’est renversant un succès comme ça. Même les gens qui connaissent très bien les chiffres du cinéma n’arrivaient plus à comprendre ce qui se passait au-delà de 4 ou 5 millions. On ne sait pas pourquoi les gens se sont appropriés ce film à ce point. Moi j’ai mon intime conviction. Je pense que ce film est dément et qu’il fait du bien. Qu’on en sort un peu plus heureux que lorsqu’on est rentré dans la salle. Mais à ce point-là c’est fou.

Artus semble exclure de faire une suite même si beaucoup en rêvent. Vous en pensez quoi ?

Je comprends. Moi aussi quand je quitte la colo j’ai envie d’y rester. Mais je ne crois pas qu’on fera un 2. Ce film il existe, avec un début et une fin. Mais vous avez envie de savoir ce que devient Sylvain, n'est-ce pas ?

Lui et tous les autres !

Tout le monde a envie de savoir. Mais ça restera dans notre imaginaire à tous (Rires).

Je ne sais pas si on vous proposera un remake américain. Mais une carrière à Hollywood, ça vous tente ?

Déjà j’ai un anglais terrible ! Et puis après tout ce travail pour en arriver là, je ne me vois pas repartir de zéro à Hollywood. J’ai la flemme et surtout pas la prétention de pouvoir y arriver. Je ne suis pas une grande ambitieuse. Mais si demain ça me tombe dessus, évidemment que j’irai à fond !

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Il y a une actrice hollywoodienne qui vous inspire en particulier ?

Souvent avec mon ego trip d’actrice je me dis qu'en voyant telle ou telle actrice américaine, je pourrais faire la même chose. Mais quand je vois Emma Stone, je me dis quasi tout le temps que je ne pourrais pas ! Elle est beaucoup trop forte. Elle a tout cette meuf. Elle est belle, elle est moche à la fois, elle est puissante, elle joue tout à l’intérieur et en même temps parfois elle surjoue à mort. Le moindre regard, la moindre respiration… Elle me fascine.

On vous retrouve dans un registre totalement opposé mercredi prochain dans Le Fil de et avec Daniel Auteuil. C’est un nouveau défi ?

C’est l’histoire d’un avocat qui ne travaille plus depuis longtemps et qui va tomber sur le cas d’un homme qui aurait tué sa femme. Je joue la procureure générale en face qui est absolument certaine de sa culpabilité. C’est à la fois un film de procès et un polar, c’est hyper tenu et très réussi. Je suis très heureuse d’en faire partie.